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  • Christ

    8 mars, Mme Taubira, sur France Culture ponctue les programmes de virgules historiques, littéraires concernant le concept de féminité et le symbole de la femme. Avec la classe d'un Edouard Glissant, la poésie d'un René Char ou l'humanité d'un Albert Camus, cette ancienne ministre de femme est, et restera un symbole d'intégrité intellectuelle au service de l'altérité.

    Hier, j'ai discuté avec la responsable de la mission de lutte contre le décrochage scolaire qui m'expliquait qu'on lui supprimait les moyens de fonctionner l'an prochain et que cette année elle avait de plus en plus de gamin(e)s de moins de 15 ans qui arrivaient dans le dispositif car n'ayant plus leur place dans le système scolaire "normal". Et cela ne faisait que me rappeler les images des deux gamines Louisa et Israé, "radicalisées" car n'ayant pas trouvé leur place ou encore les migrants en transit vers l'Europe car n'ayant pas trouvé leur place ou les jeunes sur le "marché" de l'emploi qui devraient chercher leur place à travers la loi El MacKhromri.

    Ce que j'aime chez Glissant parlant de l'identité c'est qu'il la cherche dans le franchissement des frontières, celle de Camus se trouve dans la lumière éclaboussante de la ville d'Alger, et René Char la trouve dans l'écriture poétique. Dans les trois cas, elle n'est pas donnée mais se construit obstinément,  inlassablement, artisanalement dans la pensée puis/et/ ou le corps de chacun. Mais cette violence, ce choc à l'altérité, les trois l'ont choisi par la littérature et l'art.

    Or notre "mondialisation" impose aux corps la violence de l'altérité du colonisateur: (grand)capitaliste ou (petit) djihadiste c'est la même possession de l'autre que ces deux catégories revendiquent (j'ai entendu que le grand djihadisme était la lutte contre son propre égo et que le petit capitalisme est au service des communs).

    Alors comment peut-on justifier ce manque d'argent pour aider les missions de lutte contre le décrochage scolaire, ce manque d'argent pour payer à travail égal homme et femme et rendre égal le travail "domestique" et le travail "économique", ce manque d'argent utile à l'installation raisonnable et pérenne d'un migrant (externaliser les migrants en Turquie pour lesquels le pouvoir politique double la mise sur le tapis du poker menteur européen, pouh)... autrement que par  la construction délibérée d'un obscurantisme servant l'opulence indécente d'Harpagons irresponsables.

    Parfois démissionner c'est résister pour tourner le dos à un pouvoir délétère.

  • philosophie

    C'est marrant les contingences et les coïncidences. Hier je réfléchissais aux raisons pour lesquelles l'individu humain a du mal à sortir de la notion de propriété matérielle, d'appropriation car j'ai observé ma petite fille lutter avec d'autres gamins pour conserver un objet en sa possession, contre le désir des autres de faire de même (hum, y aurait de la mimésis Girardienne là-dedans que ça ne m'étonnerait pas).

    Et aujourd'hui je lis sur le blog de Marie Richeux une réflexion de Maurice Merleau Ponty parlant de l'oeil, du corps et de la constitution de l'humanité -déjà ce mot "réflexion" qui tombe dans cette phrase me met la puce aux neurones: aller retour entre moi et l'autre...

    En observant ma petite fille, je voyais l'Europe prise dans son délire d'appropriation, qui dénie à l'intrus le droit de s'approprier: l'intrus est ainsi défini car il menace, dans l'ordre des proximités spatiales mon délire d'appropriation.

    Ainsi, ma petite fille, sans l'intervention des adultes (affectivement proches comme ses parents, ou physiquement proches donc potentiellement coercitifs) resterait dans son délire d'exclusion des autres du champ de jouissance du monde. Mais l'adulte humain est là pour lui "rappeler" ou lui "apprendre" le devoir de partage avec l'autre.

    Pourquoi? Exactement à cause du constat fait par Merleau Ponty:

    - Un corps humain est là quand, entre voyant et visible, entre touchant et touché, entre un œil et l'autre, entre la main et la main se fait une sorte de recroisement, quand s'allume l'étincelle du sentant-sensible, quand prend ce feu qui ne cessera pas de brûler, jusqu'à ce que tel accident du corps défasse ce que nul accident n'aurait suffi à faire... -

    Et ce corps humain n'est pas seulement celui que j'éprouve lorsque je joints mes mains, ou dont mes yeux me rendent compte lorsque je me vois dans un miroir. Cette humanité est bien comme le dit Merleau Ponty dans l'intériorité -absolue- qui s'origine dans l'expérience commune du vivant.

    C'est cette humanité qu'il faut transmettre pour tisser les liens intelligents entre les êtres. C'est cette exigence qu'il faut tenir pour construire les liens qui nous libèrent de toute tyrannie, à commencer par celle de notre égo.

    Et laissons au seul corps, le droit de défaire la lecture, l'ordre du monde que le sujet individuel cherche à construire pour s'humaniser.

    Aujourd'hui j'ai eu 3 gamins garçons de 3eme prepro qui sont revenus vers moi parce qu'il y avait une trop grande queue à la cantine. J'allais fermer la salle de classe pour partir m'acheter un sandwich et finalement nous sommes restés pour parler de carrés magiques. Ils ont été ensuite rejoints par deux de leurs camarades filles revenant de la cantine car, ayant terminé le travail que je leur avais donné en aide personnalisée, je les avais "lâchées" plus tôt. On a pu réfléchir sur une devinette de nénuphar qui recouvre un étang, d'un bateau qui pourrait se laisser recouvrir par une marée qui monte à la vitesse de 70cm par heure, puis sur le codage des nombres en binaires et la puissance de nos ordinateurs, algorithmes et internet.

    En cours, deux gamins garçons de cette même classe, que je travaille au corps depuis 1 mois avec moult engueulades, provocations, séductions se sont mis au travail.

    Et ben aujourd'hui j'aurais été un peu humain...

     

    Epistémologie pratique    ou   mets ta physique où tu peux...

    La différence entre « vivant » et « inanimé » : le décalage entre l’idée et l’action.
    L’inanimé, comme le vivant, est plein d’idées qui sont liées aux possibilités quantiques de la matière.
    Mais l’inanimé reste dans un état d’équilibre « fixe » car il n’est pas « intéressé » par les enjeux (ou le jeu) de l’action (cette proposition est imprégnée de jugement humain mais bon…)
    Quand au vivant, il y a une « fenêtre » qui s’est ouverte sur le monde auquel il appartient : sa conscience (NB : le vivant appartient-il au monde du substrat matériel ou à un autre ?)
    Cette conscience n’est « que » le choix offert de participer aux multiples combinaisons ouvertes dans le monde d’énergie quantiqu
    e : l’action.
    L’action
    comm01.jpge vecteur de transformation du monde, mais alors pour définir quel nouvel état ? Pourquoi changer continuellement l’état du monde ?
    L’action comme vecteur logique permettant de définir des antériorités et donc de « substantiver » le
    temps et la causalité à l’aide de notre jugement humain.
    En tous cas ce choix, c’est quoi ? Qui ou quoi s’offre au regard de qui ou quoi ? Rapports entre conscience, choix et action ?
    Nous sommes certainement Dieu mais ne le savons pas. Lui non plus d’ailleurs. Ces deux dernières propositions contiennent justement cette position intenable de la déité, parce que
    simultanée du « regardé » et du « regardant ».


    Strasbourg 25 février 2012