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exanimer - Page 5

  • Vivre sans se prendre la tête, ni la grosse tête

    Cette semaine je viens d’enterrer ma maman nourricière et de célébrer les 30 ans de mon fils.

    Déjà, dans cette phrase le piège de la propriété : « ma » et « mon ». Ces deux adjectifs ne devraient avoir qu’une seule fonction prédicative, attributive lorsque je les utilise mais selon mon degré d’angoisse ou de plénitude, un curseur de possession ou de subordination vient se greffer sur cet énoncé.

    J'ai dit la semaine dernière, en commentaire sur  le blog de Marie Richeux  , que je ne « connaissais » pas Fernand Deligny. En fait je l’ai certainement  "connivencé"    - Le Pont des singes  ibid  p.23, 24 -

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    pour au moins deux raisons :

    • Parce que j'ai reçu au début de années 80, une première formation d’animateur de centre de vacances, par le biais des CEMEA –Centre d’Entrainement aux Méthodes d’Education Active- sous la houlette d’une directrice de stage qui s’appelait Christine Vogele, dont les yeux gris-bleus et la parole douce, fine, organisée venaient éclairer l’expérience communautaire.
    • Parce qu'au sein d’une association de prévention, que j’ai présidée au début des années 2000, j'ai essayé d’organiser un réseau de « passeurs » - agriculteur, moniteur de boxe, ancien pompier de Paris reconverti dans la culture de plantes médicinales…- destiné à remettre debout des gamins cabossés.

    La force du rhizome réside effectivement dans le non-vouloir ou plutôt le non-pouvoir sur le vouloir :

    • Christine a laissé en moi, par le biais de l’institution CEMEA, mais aussi de son style personnel de direction, généreux, éclairant, libérateur, une mémoire de l'expérience commune, politique nulle part ailleurs égalée.
    • Ma présidence au sein de l’association ELSO m’a laissé une perception de la politique douce-amère : le porteur du projet de réseau –un couple de deux personnes qui se sont bouclées sur leurs égos- a tardé, malgré mes relances, à me donner la comptabilité de sa structure, utilisé les papiers en-tête de l’association pour essayer d’acheter un véhicule 4x4 … usé de son pouvoir contre son vouloir originel contenu dans la description du projet qu’il avait porté devant les membres de l’AG de l’association. Résultat : dissolution de l’association avec quelques crises d’angoisse de ma part.

    Le rhizome ne se développe qu’en exerçant sa puissance dans et contre le réel qui l’opprime. Alors, à cette unique condition, le réel lui permet en retour, de grandir et prendre sa forme.

    « Mon » fils n’est « que » le désir d’un couple qui a décidé de mettre au monde un enfant.

    « Ma » mère nourricière (avec mon père nourricier et les acteurs de l’aide à l’enfance du lieu et de l’époque) n’est  « que » le désir d’une communauté humaine de s’occuper d’un gamin.

    Fernand Déligny que ma conscience égotique a feint de ne pas connaître, fait objectivement partie de ma substance, au même titre que le steak ou les légumes que j’ai mangé tantôt, en font partie. Mais je ne me prends pas la tête à donner un nom icônique à ces légumes ou ce steak.

    Je me contente d’en reconnaître l’importance pour la conduite de ma vie et de la dire sans l'idolâtrer.

    Il s’agit moins de mettre une vie supplémentaire dans le mille, cœur de cible duale qui nous laisse croire que le centre mis en lumière est important, que de raconter comme Shéhérazade à son sultan que le reste, la nuit venue, est nécessaire.  Mille et une vies...

    En toi ne galant réside. This is no good dirait l’anglais du BREXIT.

  • Utopie

    Je suis allemand, je suis né ici ! …

    Pourquoi tu fous le bordel, enfoiré ? …

     

     

    Le genre d’arguments ou de questionnements faibles que l’on affirme avec force.

    Une origine liée au sol ou au sang : autant de balivernes qui ne font que justifier l’écriture d’un droit permettant de mettre d’un côté « ceux de la cité » et de l’autre côté les « barbares ».

    Parce que ce qui est énoncé faiblement, susurré derrière ce drame, est l’ « origine » sociale de ce détraquement : le tueur vient d’un quartier « défavorisé » et est « dépressif ». Tiens donc, les quartiers défavorisés seraient victimes de dépressions économiques ? Sémantiquement, ça tient la route.

    Ca ne fait que nous sauter aux yeux…

    Mais on a le regard un peu bigleux.

    Mais que nous fait ici le langage – la communication- sinon, « niquer en commun » ce que l’on peut avoir d’intelligence.

    Il faudra bien reconnaître que dans l’état actuel de perception véhiculée par les médias de masses, énoncer « un quartier défavorisé » revient à en admettre indolemment, presque lascivement l’existence. Et peu importe la bouche d’où sort cet énoncé : citoyenne ou barbare la portée de ce Verbe restera autant délétère,  aussi longtemps qu’on ne voudra pas énergiquement mettre les moyens de l’éradiquer.

    De la même manière qu’énoncer « les riches » ou « l’argent » sans en questionner le véritable statut sémantique et socialement syntaxique, revient à regarder sur le même plan émotionnel un clip de gangsta rap et le bombardement d’un quartier d’Alep :  on n'en tire aucune leçon sur la violence.

    Car les conséquences sociales de ces prises d’otages par l’argent sont maintenant transnationales et demandent une réflexion transculturelle…

    Utopie ?

  • Dérèglement, des règlements, des règles mentent... y a plus de genres ni de nombres

    On nous dit qu’à Nice le 14 juillet 2016,  les services publics n’ont pas fait leur boulot. Particulièrement les services publics d’état avec les policiers nationaux qui auraient été moins efficaces que les municipaux.

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    De 2007 à 2012, il y a eu suppression d’effectifs de police de quartier et recadrage des missions. Un policier c’est pas fait pour discuter avec des jeunes mais pour sanctionner.

    De 2007 à 2012, il y a eu suppression de RASED et des compétences afférentes, créations très locales et électorales de CEF notamment dans le sud de la France, d’internats d’excellence (au service de la reproduction des élites ou de réelles méritocraties ?)

    De 2007 à 2012, dans le club de judo dont j’étais trésorier, on a eu à déplorer la suppression des coupons sports, c’est-à-dire de l’aide d’état attribuée aux familles fragiles financièrement pour que leurs enfants puissent faire du sport.

    De 2007 à 2012, réforme des offres hospitalières, réforme du financement des universités –les étudiants de familles moyennes actuellement qui font des emprunts ou des petits boulots pour payer leurs études et équilibrer les comptes des universités ravagés par la loi Pécresse, rament tragiquement mais les incendiaires actuels et/ou passés s’en foutent.

    Bref, ce ne sont ni la « productivité » des chercheurs qui doivent publier des tonnes d’articles pour exister dans les moteurs de recherche et prétendre ainsi à des subsides, ni les partenariats publics-privés qui m’empêcheront de penser avec ma mémoire : le désengagement de l’état dans un certain nombre de « missions d’état » transformées en services privés ne pouvait que conduire au délitement que nous constatons aujourd’hui.

    Mais dire ça dans une Europe qui, en catimini négocie le TAFTA ou le CETA, permet aux partisans du BREXIT de dire qu’ils vont continuer à avoir un rôle important en Europe, laisse faire ou presque – puisque très peu rapportés au public- des scandales comme l’arnaque au CO2 ou des optimisations fiscales sans tarir l’évasion à la source mais au contraire en soutenant l’idée de concurrence des places financières ou des fiscalités, dire ça c’est passer pour un con idéaliste.

    Et ce ne sont ni la droite européenne, turque, brésilienne ou nord américaine qui vont nous aider à vivre. Ni leurs versions extrêmes avec leurs débauches de manipulations.

     

    Voilà, alors ça c’était le factuel, maintenant le cérébral.

     

    La fonction politique du langage

     

    Il y a dans le langage quelque-chose de réellement fascinant et impossible à saisir. Il semble affirmer ce que j’en comprends immédiatement alors qu’en fait il affirme une limite, une frontière infranchissable entre mon interlocuteur et moi.

    « Je vais vous aider », bien sûr que mon vis-à-vis va m’aider. Il le dit donc il le fait. Mais que fait-il : il le veut par compassion, pour ne pas passer pour un salaud, par intérêt, alors que j’ai besoin de cette aide… Pas claire cette histoire.

    On peut refaire la même démonstration avec du « je vous ai compris », « nous nous comprenons », « vous n’êtes pas sans savoir que »,  « allons-y »...

    Bref, mon vis-à-vis peut me dire ce que je veux que je croie : il m’enferme alors dans mes représentations, me laisse croire que nous nous comprenons et continuera de son côté à vaquer à des occupations possiblement contraire à mes intérêts s’il est maligne. Mais la croyance est là. Et voilà comment on crée une secte, une église ou un parti.

    Par le langage, ou plus exactement par les entreprises de communication. Bétonnées, bétonnantes, abêtissantes, abrutissantes.

    Bon allez, je ne vais pas suspecter l'actionnariat du journal "Libération"...

     

    Car dans sa forme expurgée, éthérée,  le langage nous montre la fragilité de l’être : l’appareil énergétique, l’état des stimulis dans lequel je me trouve à un instant t dans un lieu lambda est un héritage de toutes les influences que j’ai reçues et que je continue à recevoir dans l’entremêlement des idées qui me traversent. Influences et pas manipulations.

    Influences comme un aimant, sans contact, en influence un autre. Ou plutôt comme un corps pesant affecte la trajectoire d'un autre corps pesant. La manipulation c’est la main invisible, et celle là elle nous joue des tours depuis des lustres. La manipulation c’est celle qui nous fait croire qu’il y a positivement des « objets » à manipuler. Alors que le seul objet manipulé c’est moi.

    Le reste -de moi- , objectivement, est une production du langage.

    Et dans ce reste il y a le faible: c’est le côté clair-obscur du langage. On affirme avec force des choses qui laissent des résidus, faibles.

    Quand je parle, c’est toujours de mon point de vue, fort, vital, nécessairement vital.

    Mais ce point de vue, cet entrelac d’arguments, de représentations laisse des « objets » dans l’ombre. Un sillage de restes presque insignifiants derrière la force de l’affirmation.

    Presque : c’est la lumière de ce sillage qui permet le repérage dans l’obscurité de ma volonté. Ma force n’a aucun sens voire aucune possibilité d’être perçue sans cet océan de faiblesse.

    C'est bien parce qu'il y a des migrants, affaiblis par la guerre ou la misère, qu'il y a des discours et des actes de rejet qui en écrasent l'existence.

    C'est bien parce que dans ma pensée, ces discours ou actes m'apparaissent intellectuellement faibles que ma réflexion m'impose la tenue des lignes de ce blog.

    Les hommes du pouvoir frontal (je ne peux pas dire occidental car l’occident démocratique a une richesse de pensée nulle part ailleurs égalée et le pouvoir dont je parle est aussi bien russe, alaouite, sunnite, juif, bouddhiste que daeshien ou autre dualiste ignorant...) en ont-ils seulement conscience ? Et s’ils ont cette conscience, alors nous ne pouvons que constater par les effets politiques actuels que certains politiques sont irresponsables voire criminels.

     

    La fonction épistémologique du langage

     

    Par la rigueur des définitions imposées, par la rigueur de la déontologie suivie, les langages utilisés en sciences ou en arts ont une évidente efficacité de connaissance (connaissance étant entendue comme simple rapport d’effectivité entre la réalisation de mon désir et la résistance du réel à mon désir).

     

    Ici la focale est resserrée sur l’objet partagé avec rigueur entre les deux interlocuteurs. L’objet ainsi rigoureusement défini fait fonction de tiers, objectif parce que défini par un ensemble de propriétés ou de relations régulièrement constatées et/ou logiquement déductibles. La sanction de cette objectivité étant la reproductibilité technique de la matérialité de l’objet ou des sentiments qu’il procure. On n’est pas sur la construction d’un sens de l’Histoire, ou d’eschatologie « divine » mais sur la réflexion (au sens d’aller–retour de la connaissance) et le partage du frisson émotionnel, de l’éclair de perceptions que sont nos vies respectives. 

    Peut-être le partage de la beauté. 

    Mais là on retombe encore dans ce travers de l’Histoire car la beauté est souvent canonisée par la culture. Je me contenterai donc de partager mes frissons émotionnels, ceux qui parcourent l’échine, qui font pleurer, aimer, qui nous amènent à re-douter.

     

    Ceci dit le langage reste fascinant et insaisissable car il représente la constante tension de mon –nos- existence(s) entre des bornes du temps que je ne connais pas, mon existence étant biologiquement posée comme segment fini –à deux extrémités- déployé à l’intérieur de ces bornes. Et dire qu’il y a des gens qui prétendent avoir le pouvoir !! Sur les autres, et encore... parce que ces autres le veulent bien.

     

    L'OREAL idiot ce que Bête encourt…